Le guide pour s’installer et vivre en Norvège

10 choses que l'on tient pour acquises après avoir vécu en Norvège

Par Thomas Bassetto
Dernière mise à jour le 2 novembre 2021
Personne commençant à traverser un passage clouté

Ces dernières années, je me suis souvent surpris à me retrouver en plein dépaysement quand je retournais en France. Ne le dites pas à mes parents, mais je crois que je suis devenu Norvégien, et pas que de papier (double nationalité depuis novembre 2020) !

Après cet été (mon premier retour en France depuis 2 ans, suite à la pandémie), un petit travail d'introspection m'a permis de lister 10 « choses » qui me paraissent maintenant comme acquises après avoir vécu assez longtemps en Norvège.

Comme avec tous les articles de ce genre, il y a quelques clichés et généralités, mais tous basés sur des histoires vraies !

1) Pouvoir traverser la rue sur un passage clouté sans avoir à regarder des deux côtés et sans se faire écraser

Mon expérience personnelle me fait dire que c’est de moins en moins vrai, mais je n’ai pas de sources sérieuses pour le confirmer. En tout cas, en Norvège, on peut toujours traverser sur un passage clouté sans regarder, et les voitures s’arrêteront ! Je me suis fait quelques frayeurs en France en essayant de faire de même cet été…

2) Ne pas avoir à se soucier des ordonnances du médecin

Dans l’hypothèse où vous sortez de votre consultation avec une prescription (ce qui n’est pas forcément donné en Norvège, cf. notre article sur le système de santé en Norvège, celle-ci ne vous sera pas délivrée sous forme d’un gribouillis sur une feuille de papier. En fait, vous n’aurez aucune preuve physique ! Vous pourrez aller dans n’importe quelle pharmacie et donner votre « fødselsnummer » pour obtenir vos médicaments. Plus besoin de déchiffrer les hiéroglyphes du médecin ou de retrouver votre ordonnance perdue !

Une pancarte de moquant de l'écriture des docteurs: « A wise doctor once wrote [texte indéchiffrable] »

3) Apprécier l’eau courante

En France, il y a une grosse différence de goût de l’eau courante selon les régions. Je me souviens de mes années à Paris où j’étais obligé de la filtrer. Chez mes beaux-parents, elle est juste vraiment dégoûtante. Ils sont d’ailleurs contraints de la filtrer ou alors d’acheter de l’eau en bouteille malgré l’impact environnemental que ça a.

Heureusement, il n’y a pas ce souci en Norvège (elle serait même la 2e eau courante la meilleure au monde) ! Par contre, j’ai (trop) souvent vu des Norvégiens gâcher l’eau du robinet en la laissant couler pendant qu’ils allaient aux toilettes. Ils se justifient en expliquant que l’eau « est à la bonne température » quand ils reviennent devant le robinet. Au secours, c’est du gâchis !

4) Pouvoir communiquer en anglais avec l’administration

De façon générale, ce n’est pas un souci de communiquer en anglais avec l'administration norvégienne. La plupart des sites web gouvernementaux et des documents à remplir sont disponibles en anglais. Amazing!

5) Recevoir les factures directement en ligne

Plus besoin de fournir un RIB, un chèque ou de remplir des formulaires compliqués. En Norvège, de nombreuses factures peuvent être réglées avec le système « eFaktura » (cf. notre article Pourquoi et comment ouvrir un compte bancaire norvégien ?). Ça veut dire que les factures comme celle de l’électricité, de téléphone, des assurances, etc. apparaissent directement sur le site web de votre banque (ou de n’importe quelle banque si vous en avez plusieurs) et qu’il ne suffit que d’un clic pour l’approuver. Si vous êtes aventureux, il est même possible de les faire approuver automatiquement avec le système « AvtaleGiro ».

6) Savoir que les cartes bancaires sont acceptées partout et pour n’importe quel montant

Enfin arrivé dans une « hytte » qui vend des gaufres au milieu de la forêt, après plusieurs kilomètres en ski de fond ? Pas de soucis, ils accepteront les paiements par carte. Vous voulez juste acheter un « sjokoladebolle » en réduction dans une boutique Narvesen ? La carte sera aussi acceptée. On peut vivre sans cash en Norvège, je le fais depuis des années.

Pancarte disant que les paiements par carte ne sont possible qu'à partir de 15 euros

Je me souviens encore de cette discussion que j’ai eue à Paris avec un ami :

  • Lui : On va passer par la supérette pour acheter des chips en rentrant, mais il faut que j’aille retirer de l’argent avant.
  • Moi : Ah bon, la supérette ne prend pas la carte ?
  • Lui : Si, mais pas en dessous de 10 euros.
  • Moi : ???

Autre exemple plus récent : J'ai assisté au mariage en France d’un couple d’amis qui vivent en Norvège (spécial dédicace à B&N s’ils lisent cet article). Nous étions assis ensemble entre résidents norvégiens à l’église, quand ce fut le moment de la quête. Grosse gêne, où nous étions tous en PLS et sommes passés pour des gros radins car aucun d’entre nous n’avait d’autre moyen de paiement que des cartes bancaires.

7) Pouvoir prendre plus de deux semaines de vacances d’affilée, dont facilement trois semaines en été

Surtout vrai pour les jobs « de bureau », en Norvège, il existe le principe de « fellesferie » où il est acceptable de prendre de longues vacances en juillet (cf. notre article « Juillet, le mois où la Norvège est à l’arrêt »).

Mon record personnel date de l’été 2019, où j’avais posé six semaines de vacances d’affilée… Attention, cette cascade a été réalisée par un professionnel, ne pas reproduire chez soi ! Merci les nombreux weekends d’astreinte de mon ancien boulot qui me donnaient des heures de vacances supplémentaires à la pelle.

8) Avoir des journées plus flexibles

Lors de mon dernier job en France, je finissais entre 19h et 20h tous les jours, et j’avais d’ailleurs une réunion de travail tous les vendredis à 17h. Ce n’est simplement pas envisageable en Norvège. D’ailleurs, cette anecdote ne manque jamais de faire rire les Norvégiens. Par contraste, je me souviendrais toujours de mon chef norvégien qui, un vendredi à 16h, m’a vu encore au bureau et m’a demandé si je comptais rester là tout le week-end. Une fois de plus, cela s’applique surtout au monde du travail en bureau. Si vous travaillez dans la restauration, l'hôtellerie ou en boutique par exemple, il y a des horaires stricts à respecter.

Une autre anecdote (de ma femme cette fois-ci) : en France elle avait dû poser une demi-journée de RTT pour pouvoir aller passer une IRM importante. Alors qu’en Norvège, elle peut juste se permettre d’écrire dans son calendrier qu’elle sera absente deux heures (qu’elle rattrapera plus tard), « no questions asked ».

Le même principe s’applique pour les parents qui doivent déposer et/ou récupérer leurs enfants à l’école. Le plus important est que le travail soit fait, et non combien de temps on vous voit au bureau.

9) Bénéficier d’un accès omniprésent à la nature

Le territoire norvégien est recouvert de forêt. Même la capitale est entourée de forêt, avec une station de ski alpin accessible en métro tout en étant … en bord de mer.

Rajoutez à ça le fameux droit d'accès à la nature « allemannsretten », qui donne « droit de tout un chacun de profiter – sous certaines conditions – de la nature et de ses fruits, indépendamment des droits de propriété qui peuvent y être attachés, et sans le consentement préalable du propriétaire » - et on est au paradis des amoureux de la nature. Si vous êtes plutôt urbain et que les moustiques et la boue jusqu’au mollet ne sont pas votre « truc », vous risquez de ne pas vous plaire en Norvège. J’ai connu des V.I.E. qui se sont ennuyés comme des rats morts et qui regrettaient de ne pas avoir été pris à Bangkok.

10) Voir que la confiance règne dans le pays

De façon générale, les norvégiens ont plus confiance à la fois dans leurs voisins que dans leur gouvernement.

Après tout, il est possible :

  • de ne pas aller au travail jusqu’à trois jours consécutifs sans avoir à fournir de certificat médical (« egenmelding ») ;
  • de trouver des chalets en forêt et en montagne avec le la nourriture en libre-service (les « selvbetjente hytter » de DNT), où le paiement se fait par virement une fois rentré dans la civilisation - sur la base de la bonne foi, vous payez pour ce que vous avez consommé sur place ;
  • de rentrer dans un supermarché avec son sac à dos (ben oui, je me suis fait alpaguer par les vigiles de Leclerc cet été car j’étais entré dans le magasin avec mon Eastpack, un vrai voyou).

En Norvège, il est courant de mettre bien en vue un bonnet, un gant, des lunettes ou autres affaires que l'on trouve par terre dans la rue ou dans la forêt, afin que leur propriétaire les retrouve facilement plus tard. Encore plus insolite : mettre en évidence un billet de 100 couronnes oublié ou perdu…

Un billet de 100 NOK sous un caillou dans la rue
Vu en bas de chez moi dans à Oslo en mai 2021 ! 100 kr = 10 euros environ. © Thomas Bassetto

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