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Le guide pour s’installer et vivre en Norvège

Portrait d'Anthony et Cyndie : gérants du McDonald's d'Otta

Par Thomas Bassetto
Publié le 24 janvier 2025
Anthony, Cyndie et Lisbeth
Anthony, Cyndie et Lisbeth © Thomas Bassetto

Alors que je me dirigeais vers le massif du Rondane pour une randonnée, j’ai décidé de m’arrêter au McDonald’s d’Otta, car une rumeur disait qu’un couple de Français en avait récemment repris les rênes. Curieux de découvrir leur histoire, je suis allé à la rencontre d’Anthony et de Cyndie.

Quand et pourquoi êtes-vous arrivé en Norvège ?

Anthony : Nous sommes arrivés en décembre 2017, à l’aventure . Personnellement, j’en avais ras-le-bol de la France, je travaillais comme photographe et j’avais très envie de retourner m’installer en Australie, l’un des endroits qui m’avaient le plus marqué lors de mes voyages.

Cyndie : Pour moi, c’était hors de question. C’est trop loin, et j’ai peur des bêtes. Je lui disais que j’allais mourir là-bas… En plus, je déteste la chaleur ! À l’époque, je travaillais dans le monde de la télé, avec une carrière toute tracée, et je ne me voyais pas quitter Paris. Mais finalement, j’ai fini par craquer : j’étais épuisée par mon travail, au point de dormir dans mon bureau. J’ai alors dit à Anthony que j’étais d’accord pour partir, mais à une condition : c’est moi qui choisissais la destination. Ce serait la Norvège.

Est-ce que vous vous êtes directement installés à Otta ?

Cyndie : Non, nous avons d’abord vécu près de Jessheim, à une heure de route d’Oslo, chez une amie franco-norvégienne, Solveig, que j’avais déjà visitée auparavant.

Anthony : Nous avions mis de l’argent de côté pour cette nouvelle aventure, car nous sommes arrivés avec notre voiture, nos trois chiens et, surtout, sans travail. Nous ne parlions pas norvégien, seulement un anglais moyen. Ce pied-à-terre, même s’il s’agissait d’un sous-sol de maison, nous a été d’une grande aide. Nous nous étions fixé comme objectif de trouver un travail en 3 ou 4 mois, sinon nous retournerions en France.

Leurs 3 chiens
Photos de leurs 3 chiens © Cyndie et Anthony

Vous a-t-il été facile de trouver un travail ?

Cyndie : Pour moi, ça a été rapide. En deux semaines, j’ai trouvé un poste à temps partiel comme femme de ménage dans une entreprise de nettoyage à Oslo.

Anthony : De mon côté, ça a pris plus de temps. Cela nous a pas mal stressés, car nos économies ont commencé à fondre rapidement, notamment avec des galères liées à la voiture. Je cherchais vraiment dans tous les domaines, j’ai envoyé beaucoup de candidatures et reçu de nombreux refus. Finalement, après deux mois, j’ai eu une double réponse positive le même jour : McDonald’s Gardermoen m’a proposé un poste d’employé polyvalent, et XXL Jessheim m’a proposé un poste pour assembler des vélos. Deux emplois à temps partiel que j’ai pu cumuler !

Ce sont des boulots plutôt précaires, mais la Norvège est souvent classée parmi les pays offrant les meilleures conditions de travail. Est-ce que cela s’est vérifié ?

Anthony : J’avais beaucoup d’espoir de passer à temps plein chez XXL, mais je crois que j’ai été confronté à la culture norvégienne. Ça m’a un peu dérouté au début, parce que j’aime bien parler aux gens, je suis quelqu’un de souriant. Je me souviens qu’en arrivant au travail, je disais bonjour aux collègues, mais eux baissaient la tête et continuaient leur chemin. Peut-être que ça aurait été différent dans une grande ville comme Oslo. En plus, j’étais payé au nombre de vélos assemblés et non à l’heure. Tout le temps passé à nettoyer, déballer des palettes, etc., n’était pas rémunéré.

Cyndie : Pour ma part, je voulais un temps plein, mais ce n’était pas une possibilité dans mon entreprise. En plus, je me déplaçais beaucoup en voiture, et entre l’assurance, l’essence, les pneus, etc., les frais mensuels étaient énormes. Nos clients étaient très exigeants, et le travail était physiquement très éprouvant. Finalement, au bout d’un an, j’ai essayé de voir si je pouvais aussi travailler chez McDonald’s. Grâce aux contacts d’Anthony et après avoir passé plusieurs entretiens, j’ai finalement décroché un poste au McDonald’s de Storgata, en plein centre-ville d’Oslo. Ce McDonald’s, l’un des plus grands de Norvège, attire de nombreux candidats, ce qui permet à l’entreprise de maintenir des attentes élevées en matière de performance.

Et c’est comme ça que vous avez atterri à Otta ?

Anthony : Toujours pas ! Au bout d’un moment, on s’est mis d’accord avec Solveig qu’il était temps pour nous d’avoir notre propre logement car nos trois chiens peuvent être très bruyants. Mais on a vite réalisé à quel point il était difficile de trouver un logement à louer en Norvège quand on a trois chiens. Finalement, on a eu beaucoup de chance et on a trouvé une superbe maison à louer à Minnesund, juste en face du lac de Mjøsa et près de la forêt de Morskogen.

Cyndie : Pendant les trois années qui ont suivi, on a tous les deux beaucoup travaillé. Cela nous a permis d’obtenir des postes à temps plein et de gravir les échelons. Et finalement, on a pu acheter une maison.

Coucher de soleil vu depuis la maison de Minnesund
Coucher de soleil vu depuis la maison de Minnesund © Cyndie et Anthony

Au risque de me répéter, une maison à Otta ?

Anthony : Haha, bien essayé, mais non. Pendant ces trois années, on a beaucoup sacrifié pour économiser. Je travaillais presque exclusivement de nuit, et on se croisait à peine avec Cyndie. On mangeait des pâtes à presque tous les repas, et on ne rentrait pas en France non plus. Mais avec les 15 % – enfin non, 17,5 % en comptant le dokumentavgift – d’apport nécessaire, beaucoup de propriétés étaient hors de notre portée. Fin 2021, on a fini par trouver une maison avec un beau terrain à Gardvik, à trente minutes d’Eidsvoll, qui ne nécessitait pas beaucoup de travaux, pour moins de deux millions de couronnes.

Cyndie : Après l’achat, on a décidé d’avoir des enfants. Quand on vivait en France, pour nous, la question d’avoir un enfant ne se posait même pas. C’est la vie en Norvège qui nous a fait changer d’avis. En voyant souvent des parents avec leurs enfants au McDo, en découvrant le système scolaire où les enfants sont un peu plus libres qu’en France, etc., on s’est dit que c’était envisageable. Et notre petite Lisbeth est née le 1er février 2023.

Maison rouge sous la neige entourée de fôret
Maison de Gardvik © Cyndie et Anthony

Comment s’est passée cette transition vers la gestion du McDonald’s d’Otta ?

Anthony : Entre-temps, j’avais été muté au McDonald’s de Brummundal. Un jour on m’a offert le poste de manager du McDo de Gjøvik, que j’ai d’abord accepté avant de revenir sur ma décision. Le salaire proposé était excellent, mais je conduisais déjà 1h20 dans un sens, et conduire jusqu’à Gjøvik aurait rajouté facilement une demi-heure supplémentaire, soit 4 heures de trajet par jour. Je n’aurais plus eu de temps à passer avec Cyndie et Lisbeth. Comme le congé maternité de Cyndie allait bientôt se terminer et qu’elle devait reprendre son travail à Oslo, j’ai eu une idée. J’ai contacté le big boss et je lui ai dit : « Via un ancien de mes managers, je sais qu’il y a des soucis à Otta. Donne-nous la responsabilité du magasin, à moi et Cyndie, et tu n’auras plus de problèmes. ».

Cyndie : La négociation a pris du temps, mais ça a marché ! Ils nous paient même le logement pendant qu’on loue notre maison à Gardvik. On habite en ville et on peut passer beaucoup plus de temps avec Lisbeth. D’ailleurs, on attend maintenant un deuxième enfant.

D’un point de vue intégration, McDonald’s est une entreprise internationale, avez-vous appris le norvégien ? Avez-vous réussi à vous faire des amis loin des grandes villes ?

Anthony : Clairement, pas besoin de parler norvégien pour travailler chez McDo. Un de mes anciens collègues ne parlait même pas anglais non plus et utilisait uniquement le traducteur sur son téléphone. Depuis que je suis directeur à Otta, je parle de plus en plus souvent norvégien, mais pas forcément avec les Norvégiens eux-mêmes, qui préfèrent souvent parler anglais. Ce sont les autres étrangers, ceux qui ne parlent pas anglais, mais seulement norvégien et leur langue natale, qui me poussent à l’utiliser. De toute façon, pendant très longtemps, on n’avait pas les moyens de se payer des cours de langue.

Cyndie : Socialement, à Gardvik, on s’entendait très bien avec les voisins, et c’était pareil avec les autres jeunes mamans que je rencontrais via les activités de jeunes parents. On pensait que ce serait la même chose à Otta, mais non. Peut-être parce qu’ici, c’est encore plus isolé et rural. Peut-être que ça se débloquera avec le temps ou avec la naissance de la deuxième petite.

Pour finir, quel est votre endroit préféré en Norvège ?

Cyndie : C’est une bonne question ! Pour moi, c’est Morskogen, la forêt entre Minnesund et la Suède, à côté du lac de Mjøsa. Franchement, si un jour on gagne au loto, j’y achète une maison immédiatement.

Cyndie avec ls chiens dans la fôret avec vue sur le lac sous le soleil couchant
Morskogen avec vue sur le lac Mjøsa © Cyndie et Anthony

Anthony : Pour le coup on n’est pas d’accord, parce que pour moi, c’est l’Aurlandfjord. C’est un endroit qui illustre parfaitement la beauté brute et sauvage des fjords norvégiens !

Aurlandsfjord
Aurlandsfjord © Cyndie et Anthony

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