Le guide pour s’installer et vivre en Norvège

Portrait de Bruno, professeur de guitare à Oppdal et pêcheur à la mouche

Par Thomas Bassetto
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022
Portrait de Bruno

Beaucoup en rêvent, Bruno et sa famille l’ont fait : ils ont vendu leur maison en France pour venir s’installer en Norvège ! Heureusement, ils étaient bien préparés, mais leur installation n’a pas été de tout repos.

Quand et pourquoi es-tu venu en Norvège ?

Il y a une vingtaine d’années, je travaillais dans des écoles de musique comme prof de guitare à Angers. Mon patron m’avait montré des photos de ses vacances et je me souviens avoir été frappé par la beauté des paysages, dont un plateau tout enneigé en plein été. C’était en Norvège. Le soir même, j’ai vendu notre voiture pour acheter son van aménagé « rustique » ! Je ne savais même pas où situer la Norvège sur une carte, mais c’était un coup de coeur !

À partir de cet instant, nous avons passé toutes nos vacances d’été en Norvège ! Le seul changement est que l’on a fini par troquer le van aménagé par un modèle plus grand puis par un camping-car au fur et à mesure que nos deux filles grandissaient. Toutes ces vacances nous ont permis de connaître la Norvège presque sur le bout des doigts.

Quand nos deux filles sont parties du foyer familial pour continuer leurs études, il y a environ 3 ans, nous avons décidé avec ma femme, Emmanuelle, de faire le grand saut et de déménager en Norvège.

Comment s’est déroulée votre installation ?

Nous avons préféré être prudents. Emmanuelle enseignait dans un collège d’Angers en tant que professeur d’anglais. Elle a commencé par chercher un travail à distance. Au bout de 2 ans, elle a trouvé un poste à durée déterminée (vikariat) de prof d’anglais et espagnol, dans le Telemark. Je lui rendais régulièrement visite, et quand j’étais en France je commençais à vendre nos affaires, y compris notre maison pour pouvoir s’installer « correctement » ici.

Finalement, Emmanuelle a trouvé un poste d'enseignante d’anglais et d’espagnol à durée indéterminée à Oppdal. Ça tombait bien, car c’était une région que nous connaissions bien, qui est très propice à la pêche à la mouche, ma grande passion, presque aussi grande que celle de la musique. De plus, nous avions déjà des amis dans le coin que l’on avait connu pendant nos vacances d’été.

La dernière chose que j’ai vendue a été notre camping-car. C’est quand même assez grand et ça passe moins inaperçu. Nous avons acheté un van en Norvège que l’on a fait aménager en France et qui nous a permis de déménager ici. Il nous sert de voiture quotidienne, et comme transport pendant tous nos voyages. Aucun regret !

L'intérieur du van

Racontée comme ça, notre installation peut paraître facile, mais Emmanuelle a quand même envoyé 400 candidatures sur une période de 2 ans ! Quant à moi, j’ai gardé une clientèle française pour mes cours sur Skype, mais je travaille encore à développer une clientèle norvégienne.

Bien qu’Oppdal compte 7 000 habitants, cela reste une petite ville en pleine campagne. Le dépaysement n’est-il pas trop dur ?

Au début, nous avions loué une maison, comme celle que nous avions à Angers, mais elle était éloignée de la ville et la neige en hiver bloquait tout… Nous avons alors décidé de vivre en centre-ville. Durant nos recherches, nous sommes tombés amoureux d’un appartement que l’on a pu s’acheter. Petit bonus sympathique, il est au dernier étage et nous avons vue sur le massif de Dovrefjell !

Oppdal est une petite ville, certes, mais nous avons été agréablement surpris par son atmosphère. Il y a une salle de concert d’une grande qualité et des musiciens d’un très bon niveau qui y jouent. Il faut savoir que l’on y trouve « la » station de ski alpin de Trondheim, et elle rapporte de l’argent que la commune a su utiliser intelligemment pour améliorer le cadre de vie.

Nous avons aussi une très bonne boulangerie, Bakeriet SPRØ, où travaille un Français (ça ne s’invente pas).

Oppdal observé depuis la montagne Almann
Oppdal observé depuis la montagne Almann Par Håvard Berland

La nature autour d’Oppdal est magnifique. On trouve le massif du Dovrefjell plus au sud, le seul endroit de Norvège où l’on peut voir des bœufs musqués. À Hjerkinn, je conseille aussi une autre route, à partie de la route 26, une piste payante, mais une des plus belles selon moi.

Einunndalen est une piste avec un décor minéral magnifique. Le camping sauvage y est interdit pour préserver la nature. Pour ceux qui aiment la neige, l’hiver ici est exceptionnel. D’ailleurs beaucoup de mushers vivent dans cette région.

Tu as dit que vous aviez déjà des amis sur place ? Comment les as-tu rencontrés ? Sont-ils norvégiens ?

Nous nous sommes fait des amis lors de nos nombreuses vacances d’été en Norvège. J'ai rencontré des gens en plein milieu de la rivière assez souvent et par d'autres intermédiaires. Je me souviens un jour à Tromsø, une amie nous a invités à un concert ou nous avons fait aussi le service (elle tenait un restaurant) et nous avons rencontré de super musiciens de jazz dont un qui est resté un copain et, ce n’est pas banal, qui est aussi passionné de nature et de pêche a la mouche...

Depuis que nous sommes installés pour de bon, Emmanuelle a rencontré des gens via ses collègues. Ils organisent des sorties ensemble, par exemple dans la montagne (Fjelltur), mais ça reste entre eux.

Nous avons rencontré d’autres personnes via une de ses collègues serbes. Parfois, ça ne se joue pas à grand-chose ! On se retrouve maintenant souvent. La majorité vient de Serbie justement, mais nous avons une culture assez similaire. Pour les Norvégiens, je dirais plus que nous avons des relations plus que des amis. Un dentiste, serbe aussi, m’a dit qu’en tant qu’étranger ici, tu auras beau tout comprendre il y aura toujours une petite barrière dans la langue.

Peux-tu m’en dire plus sur ton activité de professeur de guitare en Norvège ? Comment ça se passe en ligne ?

Je suis professeur de guitare classique depuis plus de 30 ans et j’ai commencé à enseigner via Skype en 2016. J’enseigne, et je joue, tout type de style, mais mon style préféré est le brésilien, j’ai d’ailleurs publié une 10ène de livres à ce sujet !

Pas mal d’élèves français m’ont suivi de France grâce à Skype, mais j’ai aussi des Français vivant en Norvège. Ils me disent ne pas avoir perdu au change, surtout dans ces temps de corona. Je commence doucement à essayer d’attaquer le marché norvégien, il fallait d’abord que ma maîtrise de la langue soit suffisamment bonne. La semaine dernière, j’ai eu un article dans le journal local et je viens juste de lancer mon site web, guitarama.no, en norvégien.

Affiche pour https://www.guitarama.no
www.guitarama.no

Si tu habites dans une région incontournable pour la pêche à la mouche, ce n’est pas un hasard. As-tu des conseils pour ceux qui veulent s’y mettre ?

J’ai toujours été passionné de ce sport. Je passe mon temps à arpenter les rivières en été et à monter les mouches en hiver. En Norvège, on pêche essentiellement de la truite, de l’ombre et du brochet. À noter que je relâche toujours les poissons.

Il suffit d’acheter un permis en magasin de sport, mais maintenant c'est surtout par SMS : tu envoies un code par SMS indiqué sur le panneau à côté de la rivière et tu es débité sur ta facture de téléphone, vive la Norvège !

Tout le monde peut s’y mettre avec le bon matériel. Les rivières de la région s’y prêtent particulièrement. Mais prendre un guide au début est une très bonne idée, y aller avec quelqu'un qui s'y connait permet de mieux en profiter. Et adhérer à un club de pêcheurs à la mouche pour avoir des cours de lancer donnera en plus une petite partie sociale !

Il m’arrive de pêcher en mer aussi, mais depuis le bord. Je me suis déjà fait quelques frayeurs en bateau sur une mer agitée et je n’ai pas envie de recommencer.

Bruno qui pêche avec de l'eau jusqu'à la taille

Pour finir, quel est ton endroit préféré en Norvège, et pourquoi ?

D’habitude, je n’aime pas les villes, mais j’aime vraiment beaucoup Alta. Il y a une ambiance particulière, avec une forte culture samie. Un vieux guide du routard disait « passez votre chemin », mais ce serait dommage. Ils ont reconstruit le centre-ville de toute pièce il y a quelques années. La nouvelle cathédrale date d’il y a deux ans, elle est tout en acier et c’est magnifique.

La cathédrale d'Alta
La cathédrale d'Alta Par Svein-Magne Tunli

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